Il aurait certainement glissé quelques mots simples empreints de pudeur. Un truc du style : "C'est un type super...". Comme il
le disait souvent lorsqu'il parlait de Pete. C'est sans doute ces mots que Tim Gullikson aurait aimé prononcer, juste encore une fois,
pour saluer l'exploit d'un des plus grands tennismen du siècle. Jamais un joueur n'est resté aussi longtemps rivé à la première place du classement ATP.
Exit l'extraordinaire record de Jimmy Connors qui pendant cinq ans, de 1974 à 1978, s'était calfeutré au top. Pete Sampras est devenu numéro un mondial
pour la sixième année consécutive. Pour lui : "Un but ultime, une satisfaction unique".
Pour cet irascible perfectionniste, d'autres ambitions se dessinent déjà. D'autres courses aux records.
Encore une victoire en Grand Chelem et il égalera la marque absolue de Roy Emerson (12 victoires).
Une consécration de plus à Wimbledon et il surpassera Bjorn Borg avec 6 victoires. Il pourrait alors devenir le plus grand joueur de l'histoire.
Son tennis est offensif et terriblement sexy. Il possède une coordination, une capacité de réaction et une fluidité dans le geste exceptionnelles. Le plus :
un service qu'il a su rendre indéfrichable, grâce à sa phénoménale vitesse de réaction et sa capacité à pouvoir, par un même geste, donner à la balle
des effets différents.
"Pete est un artiste assurait Gullikson. D'ailleurs s'il utilise des cordes plus fines que les autres joueurs du circuit, c'est pour mieux sentir la balle,
et ainsi combiner la puissance et le touché". Sampras, pourtant, ne fait guère fantasmer les foules. Son sourire et son extrême correction, son
manque de charisme, sa carence d'émotions ont longtemps cadenassé les portes d'une popularité que, de par son jeu, il mérite pourtant.
Pendant des années, son image colle au surnom dont les anglais l'ont affublé : Mister Boring. Pas de frasques, pas de vices. Un seul hobby : le golf.
Quand le 3 mai 1996, Tim Gullikson décède des suites d'un cancer du cerveau. Pete vient de perdre son coach. Mais aussi l'un de ses très rares amis.
Son talent et sa détermination forçaient le respect. Mais c'est dans la douleur que les grands champions prennent toute leur dimension. Parce que Sampras
n'a jamais semblé aussi fragile : il apparait irrésistible. "Au travers des difficultés contre lesquelles je me suis battu, sur le court et en dehors,
j'ai montré aux gens que j'avais la volonté de vaincre et que j'avais du coeur. Les matches que j'ai gagnés, j'ai simplement refusé de les perdre."
Sampras a pris de la profondeur. Il est aujourd'hui l'un des plus importants mécènes de la lutte contre le cancer. C'est d'ailleurs lors d'un gala de charité,
qu'après s'être fait plaqué par De Laina, il rencontrera l'actrice Kimberly Williams, l'ex girl-friend de Jason Priestley, le héros de la série Beverly Hills, qu'il épousera dans le courant de l'année.
Cette année encore, Sampras tentera de remporter Roland-Garros, le seul tournoi du Grand Chelem qui manque à son fabuleux palmarès.
