TENNIS MAGAZINE : Juillet 97.



Par Yannic Cohennec

A LE RENDRE MALADE


Il fait chaud sur Roland-Garros et Pete Sampras a du mal à sortir la tête de la glacière oú il a rangé ses raquettes pour préserver la tension de ses cordages. Le n°1 mondial souffre encore, après tant de calvaires sur cette terre battue qui le nargue.
Insensible aux malheurs de son adversaire, Magnus Norman, 65e, accumule les coups gagnants et empoche les deux premiers sets en 1h20 sans vraiment briller. Il est 17h30 et les 10 000 spectateurs du court Suzanne Lenglen murmurent, abasourdis. Virevoltant contre Fabrice Santoro et Francisco Clavet, alors qu'une douleur à la cuisse avait fait craindre le pire la semaine précédente, Sampras est cette fois, privé d'énergie. Il est malade, victime de problèmes intestinaux.

L'alerte a été donnée la veille au soir, sous la forme d'une modification dans la programmation des rencontres. Prévu en deuxième match, Sampras et Norman s'étaient retrouvés relégués en quatrième position, à la place du duel entre Nicolas Escudé et Andrei Medvedev. Mais le répit supplémentaire demandé par l'entourage du triple vainqueur de Wimbledon n'a pas été, semble-t-il, suffisant. A la recherche de son souffle entre chaque point, maladroit avec les balles que lui lancent les ramasseurs, Pete se traîne sur le court. Et pourtant, le voilà qui sert trois aces consécutifs au premier jeu du troisième set avant de réussir à prendre le service de son adversaire. Sa mobilité semble soudain meilleure, ses coups partent plus franchement, son jeu de jambes est beucoup plus précis. Troisième set Sampras, qui se détache 2-0 au quatrième avec une balle de 3-0 sur son service. Magnus Norman et son grand coup droit se dérèglent. Mais l'oxygène manque encore à Pete et les fautes recommencent. Norman se détache 5-3. La tête enfouie dans sa serviette au changement de coté à 5-4, Sampras est ailleurs. A 18h49, stupeur parmi les spectateurs qui viennent de vibrer en apprenant que Cédric Pioline a égalisé à deux sets partout face à Kafelnikov sur le central : Magnus Norman a trois balles de match. La première est la bonne : le coup droit de sampras explose. "Dés le début, je ne me suis pas senti très bien", avoue-t-il plus tard en conférence de presse. " J'étais fatigué, à plat. Et puis, j'ai retrouvé quelques sensations, mais je n'ai pas pu aller jusqu'au bout."

Croit-il qu'une malédiction le frappe à Roland-Garros? "J'avais si bien joué lors de mes deux premiers matches. Ce tournoi sera décidément toujours un combat pour moi."
Rentré aux Etats-Unis, Sampras a dû regretter davantage sa malchance en voyant le tableau décimé. Marc Rosset, Filip Dewulf et gustavo Kuerten n'avaient a priori rien pour l'effrayer sur le chemin de la finale. Un virus a choisi de remettre son rêve à l'année prochaine...ou à jamais.